~ Forever and always, here.

Tes yeux brillent dans la nuit.Ils ressortent comme deux joyaux et toi, tu poses tes pattes, avec une précaution intense, sur le sol. Tu n'es pas encore totalement, réellement habitué, dans ce lieu où les territoires sont boueux qu'avec l'arrivée de la pluie. Tu t'y feras au fil des jours, si vous restez longtemps. Rien n'est sûr après tout. Absolument rien. Rien. Tu torunes la tête. Gestes brusques, vifs. Toujours aussi vif. Tu as senti un regard sur toi, mais il n'y a rien du tout, aucun chat, aucun regard pour t'épier. Alors tu continues de progresser dans ta marche et on peut encore voir tes deux yeux briller. Encore plus même. Et plus bas, un regard se fait voir, à tes côtés. C'est Malawi, n'est-ce pas ? Elle est aussi belle que toi, mais son pelage fait de noir se fond dans la nuit. Toi, par contre, tu ne te fonds pas dans la nuit, ton pelage de sable te démarque, chat du désert que tu es. Te dissimuler t'est permis qu'à cause de ta petite taille. Heureusement, tout irait mal sinon. Les escogriffes se doivent de manier l'art de se cacher. Tu sais le faire. Tu sembles perturbé par le regard que tu ressens, posé sur toi, fixé, suivant tes gestes. Non, ne te retournes pas, ne me regardes pas. Tu ne me vois pas, ne me cherches pas, je ne suis pas là. Moi, par contre, je te vois parfaitement, tes muscles se mouvant sous ta fourrure, tes yeux étincelant. Tu es toujours aussi digne, mais quelque part, tu as appris de tes erreurs, de ce que tu as su être des erreurs à cause de moi. Ne m'en veux pas, j'ai besoin de changer les autres, ou plutôt, c'est inconscient. Tu es bien plus prudent maintenant, je suis fière de toi. Vraiment fière de toi. Tellement. Tu le sais ? Je te regarde, tendrement, et je souris, tristement. Tes yeux ont toujours reflété tes émotions, ton état intérieur et aujourd'hui ils ne sont plus comme avant. Tu n'as jamais été sentimental - tout comme moi - sauf que tes yeux parlaient pour toi. Ils étaient illuminés, comme ravivés d'une étincelle de vie, quand j'étais là. J'aimais te voir ainsi. Ce n'est plus ainsi à présent. Je ne peux plus sentir ton corps contre le mien, ton souffle chaud sur moi, se mêler au mien, je ne peux plus entendre la dance effrénée de nos cœurs, ton cœur battant contre mon oreille. Nos deux corps unis. Séparés maintenant. Et toi, loin de moi. J'entends toujours ta voix, mais elle ne s'adresse plus à moi. Et pourtant, pourtant je ne regrette rien. Rien de rien. Pour notre fille et ces moments passés, cela en valait la peine. J'avais toujours su que mon moment arriverait assez tôt. Et le verdict est tombé. Je ne regrette rien. Je ne sais pas où je suis, si je parle ou ne fais que penser, si je respire ou non, si je suis. Je sais juste que je peux te voir et cela me suffit. Rien ne me dérange, sauf évidemment ne pas être près de toi et ne pas pouvoir bénéficier de ton attention, mais ne te laisses pas ployer sous la tristesse. Mon beau, mon cher, mon amour, mon cœur... ma voix, parce que tu étais ma voix oui, tu sais, j'ai toujours fait ce qui me semblait juste, rien d'autre. Tu sais ? J'espère bien. Il faut que tu saches que tout ce que j'ai fait, je le pensais juste. Et que t'aimer était bien plus que juste. Je me sentais bien à tes côtés, en sécurité, à ma place. Oui, à ma place, je trouvais ma place aux côtés de toi. Juste de toi. Tu ne peux pas me voir, je sais, ni même m'entendre, je sais. Mais moi, je le peux et c'est l'essentiel. Je suis toujours là, donc c'est ce qui est important mon cœur, crois-moi, je suis là. Tu sais, je me sens sereine par moment, comme ça, sans rien regarder, mais... la tristesse et le manque reviennent rapidement, parce qu'il n'y avait nulle part ailleurs où je souhaitais me trouver qu'à tes côtés. C'est si dur, loin de toi, sans pouvoir même t'approcher, coincée où je ne sais pas, mais on y arrive. Ne regrette rien, Gaara. S'il vous plait, ne regrettes rien, parce que je ne regrette rien. Absolument rien. Et n'oublie pas que Malawi grandira. Malawi grandira et elle portera en elle la vie que j'ai porté en moi, une vie intérieure riche et puissante, qu'elle dissimulera, comme moi. Parce qu'elle est moi, tout comme elle est toi, alors je compte sur toi pour lui apprendre à ne pas tout tuer, à ne pas tuer ce qui n'est pas à tuer, à être patiente, comme je t'ai appris à l'être, comme je t'ai appris à être meilleur, apprends-lui. Elle sera la vie, Gaara, elle sera la vie, mais pas n'importe laquelle, la nôtre. Notre vie, mon amour. Il faudra que tu la préserves, que tu la protèges, parce qu'elle est nous, le parfait trésor né d'une union si courte... si courte et si merveilleuse, utopique, idyllique, à notre façon, parce qu'on a tout révolté. La définition des mots a changé, lorsque cela nous concernait. N'oublie pas tout ça, n'oublie pas de la protéger, pour ne pas perdre ce qui reste de moi, de nous deux, outre les souvenirs. Et je veux que tu saches que mes sentiments pour toi, jamais ne s'éteindront. Toujours, ils seront. Des flammes brûlantes, ardentes, qui s'alimenteront du vide pour subsister, dans l'espoir de ne jamais sombrer et l'espoir peut faire des miracles, dans certaines cas. Un jour, on sera réunis à nouveau, tu me rejoindras là où je suis, peu importe où c'est, et ce jour-là, on sera deux. Deux à nouveau et notre vie sera sur terre, elle devra l'être. Je compte sur toi pour qu'elle le soit. Et saches mon cœur que mon amour sera toujours. Peu importe le temps. Mais tu ne me rejoindras pas maintenant, ne comptes pas sur ça, Malawi a besoin de toi. Alors il te faudra attendre, encore bien des lunes, ce jour finira tout de même par arriver. Ne l'attends pas. Vis. Détruis. Mais n'attends pas. Je t'aime, et je t'aimerais toujours, ne l'oublie pas.