Les étoiles sont toujours là ~

Ta silhouette se découpe dans le territoire, une plus petite à tes côtés, te regardant, te souriant, yeux brillants, yeux sages, yeux frappants. Yeux qui te rappellent la personne que tu as perdu, n’est-ce pas ? Parce qu’elle est le mélange de nos deux physiques, elle me ressemble et te ressemble. Elle est là, Petite Aurore, petite qui signifiait plus que ce que les autres ne peuvent penser, ne peuvent comprendre, mais ce n’est pas elle que je regarde moi, c’est toi. Tu es bien plus frêle, plus frêle qu’auparavant. Et j’ai ce sentiment déchirant qu’il te manque une détermination que tu avais, quand j’étais là pour partager tes mauvais coups. Et je me sens plutôt mal, plutôt coupable, d’avoir été absent ces derniers moments, malade. Fiévreux, et pourtant soucieux de suivre le code du guerrier, je m’étais focalisé sur ce que je ne devais pas faire. Me pardonnes-tu? Pardonne-moi. Je t’ai perdu, définitivement. Enfin, c’est l’impression que cela me donne et pourtant, regardes-toi. Tu es toujours là, toujours vivante, tu traverses le tout avec difficulté. Je suis désolé. Et je sais que tu ne m’entends pas, mais tu pourrais m’entendre, je pourrais faire en sorte que tu m’entendes, parce que je suis là, dans les terres du Clan des Étoiles, je chasse avec eux maintenant. Oui, ils existent. J’ai retrouvé mon père, Nuage de Cicatrice, je l’ai retrouvé, tout comme ma mère. Je suis auprès d’eux et pourtant, je ne trouve pas la paix. J’ai retrouvé ce que j’ai toujours cherché à retrouver, au mépris de ce que j’ai trouvé. Et maintenant, je ne veux plus ce que j’ai tenté d’avoir toute ma vie; tout ce que je veux, c’est toi. Ta présence. Tes mots. Nos coups. Nous. On était deux petits chatons ensemble. Rien de plus, rien de moins. Deux grands qui s’aimaient comme deux chatons et qui agissaient en tant que tel, notre amour était là. Bel et bien réel, bel et bien fort, plus fort que tout. Que pouvait-on faire ? Rien. Et on a rien fait, parce qu’on s’aimait et que tout allait bien, même si mon père était mort, même si ta mère avait disparu, on était ensemble et on allait bien, dans la mesure du possible et maintenant… maintenant, tout ne va pas bien. Tout ne va pas bien, parce que je suis là, chassant éternellement là où on ne sent pas la fin, la douleur, là où le bien n’est qu’une illusion, tout comme le mal et où pourtant on a une conscience aiguë de tous les dangers. Et je sais, je sais que tu désespères. Je le vois. J’ai toujours su lire en toi. Nuage de Cicatrice… ne désespères pas. Parce que c’est une déchirure pour moi, de te voir là, de ne pas pouvoir te voir parce que je t’en dirais trop, trop alors que tu ne dois pas savoir ce que je sais, tu ne dois pas connaître la Forêt Sombre, tu ne dois pas connaître le danger planant sur la forêt. Tu ne dois pas savoir ce que je sais et j’aimerais pouvoir venir, te le dire, mais je n’aurais pas la force de rien te dire. Et malgré tout, envers et contre tous, ta voix me manque. Ta présence me manque. Ta chaleur me manque. Tu me manques. Regardes ta petite, notre petite. Regarde-là lever le regard vers toi. J’aurais aimé être là pour t’aider, t’aider à l’élever, l’entendre me dire papa. Tout connaître ce que j’aurais dû connaître. J’aurais aimé et au final, ce n’est pas possible. S’il vous plaît, pardonne-moi. Je n’aurais pas dû être aussi têtu, vouloir prendre la place de meneur, disputer cette place avec moi-même, en délaissant ma santé… c’est ma faute, je suis mort par ma faute. Alors je t’en supplie, accordes-moi ton pardon, celui que je ne mérite pas, mais dont j’ai besoin… et surtout, n’oublies pas que quoi qu’il arrive, les étoiles sont toujours là. Elles ne peuvent juste pas agir, elles sont spectatrices, et elles ne savent pas tous, alors ne les affligent pas de tous les malheurs possibles, elles font leur possible.